Éducation nouvelle, IUFM

Feu les Écoles Normales Savez-vous que dès l’époque de la première Ecole Normale en 1792, il y avait à penser à la fois le haut niveau des savoirs et le problème de leur transmission ?
“Pour la première fois sur la Terre, la nature, la vérité, la raison et la philosophie vont donc avoir aussi un séminaire. Pour la première fois, les hommes les plus éminents en tout genre de science et de talent (…), les hommes de génie vont être les premiers maîtres d’école d’un peuple !”
Le rapport Lakanal (2 brumaire, an III, 23 octobre 1794) ne pouvait pas prévoir que la première École Normale durerait si peu de temps ! Dès l’époque apparaît la contradiction entre savoirs disciplinaires et savoirs pédagogiques. Certes on relève la création d’une École Normale à Strasbourg en 1810, mais il faudra attendre Guizot pour concevoir en 1833 l’idée d’une généralisation de l’institution, et c’est dix ans après la Commune de Paris que la IIIe République procédera à une véritable “normalisation”.
En entrant dans le corps, on coupe avec sa famille, sa religion, sa région, sa classe. Le but est d’écarter toute position partisane.
En réalité, les idées pacifistes et syndicalistes pénétrèrent, comme le prouve l’étude de la presse, au grand dam des autorités.
Mais dans les années 1960, il n’y a plus de “vocation” : c’est l’école post-normale ; l’identité vacille. Le concours d’entrée devient concours de circontances.
Comment tirer un trait sur l’histoire de l’École Normale et créer une culture commune aux trois corps constitués par les clercs (les universitaires), les guerriers (les “hussards noirs”) et les agriculteurs (la hiérarchie qui veille au grain) ?
Education nouvelle : Quelle histoire ! Savez-vous que l’Education Nouvelle est une vieille dame qui, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, luttait pour un monde de paix.
Pour la première fois se trouve retracée ici l’histoire du Groupe Franais d’Education Nouvelle depuis… 1899 ! (date du Bureau International de l’Education Nouvelle) mais plus particulièrement après WALLON et le “Groupe Expérimental du 20e” (fondé en 1962 par GLOTON) qui comprenait les écoles VITRUVE, LEVEAU et BRETONNEAU. Les noms de FREINET, PIAGET, LANGEVIN sont les jalons d’une histoire (aussi complexe que celle de la psychanalyse !).

Cet ouvrage qui ne se veut pas exhaustif montre le rôle d’un mouvement quelque peu hérétique, la force sociale qu’il représente, ses racines religieuses et politiques, ses relations conflictuelles avec les réformes venues d’en-haut , les types d’individualités qu’il produit ainsi que le lien du mouvement avec la Recherche et sa pratique langagière.
Enfin, le GFEN s’origine dans l’aspiration à la paix : d’où la Préface d’A. JACQUARD et l’avertissement de H. BASSIS, président du GFEN.

Le rapport Langevin Wallon

par Claude Allègre, François Dubet, Philippe Mérieu – document 1101 nuits, 2004

Bonne idée de rééditer le rapport Langevin-Wallon. Quel lecteur de la revue n’appréciera entre autre chapitre, le texte sur l’éducation populaire (p.79-81). Allègre, dans son introduction, n’a pas tort de louer le style en rien empesé ni bureaucratique. Font partie de la commission célèbre constituée à la libération le physicien Langevin (Paul) et président ainsi que le psychologue Wallon (Henri) Pieron est vice- président Ainsi que d’autres « têtes » comme l’historien Febvre (Lucien), le géographe George (Pierre), Mme Seclet, secrétaire du GFEN (écartée du mouvement) après un article caustique le lendemain de la mort de Freinet. Le gouvernement d’alors est tripartite. La gauche est singulièrement, le PCF est influent dans la société et la commission. Mais il y aussi la SFIO, le MRP (démocratie chrétienne) les « sans-partis ». De la maternelle à ce qu’on appelle l’AIS (Adaptar Integration) en passant par l’orientation, la culture scientifique et technique, les « méthodes actives », les problèmes spécifiques y sont abordés à partir des principes généraux et généreux : la volonté de réaliser l’idéal de l’école unique – aujourd’hui battu en brèche, hier défendu depuis le début du siècle par les « compagnons de l’université nouvelle ». On ne citera plus ce texte de manière rituelle sans le connaître. Et en portant sur lui des appréciations globalisantes, Mialaret parle de la « réussite » du plan dans le monde dans son Histoire mondiale de l’Education, tandis que Prost écope dans l’Histoire de l’enseignement en France l’échec de celui-ci. Sans doute Dubet n’a-t-il pas tort de noter à la fin que Bourdieu est passé par là et qu’on ne peut aujourd’hui dire que le « mérite doit seul créer l’élite ». Les auteurs postulaient une résorption progressive des inégalités économiques et sociales, ne raisonnaient pas en termes de code culturel. Ni non plus en faisant appel aux explications par les « dons ». Mais à l’aide des notions certes discutables de « capacités » et « d’aptitudes ». Malgré quelques propos polémiques du sociologue qui conclut l’ouvrage, on saura gré aux trois auteurs de leur initiative qui peut redonner courage aux éducateurs, contre le Fatalisme, à ceux pour qui les slogans ne peuvent suffire et ne se retrouvent dans les éternels affrontements entre « républicains et pédagogues ». Un pavé dans la marre des sectaires de tout acabit. Hugues Lethierry